Dans les livres scolaires et la culture populaire, il est souvent enseigné que Christophe Colomb a découvert l’Amérique en 1492. Cette vision simplifiée est omniprésente et érigée en véritable mythe fondateur de l’ère moderne. Cette version de l’histoire soulève cependant de nombreuses questions et controverses. Que sait-on réellement de la découverte de l’Amérique ? Lisez pour en savoir davantage.
Christophe Colomb aurait fait la découverte de l’Amérique en 1492
La découverte présumée de l’Amérique par Christophe Colomb cristallise un moment charnière dans l’histoire de l’humanité. Colomb, un fervent explorateur génois, convaincu de la rondeur de la terre, nourrissait le projet ambitieux de trouver une nouvelle voie maritime vers les Indes en naviguant vers l’Ouest. Grâce au soutien financier d’Isabelle de Castille, il quitte l’Espagne et lance son premier voyage le 3 août 1492.
Le 12 octobre de la même année, Colomb et son équipage accostent sur une île qu’il baptise Guanahani, croyant fermement avoir atteint les côtes des Indes tant convoitées. Persuadé de naviguer en territoire indien, il poursuit ses explorations dans les Grandes Antilles, découvrant des îles telles que Cuba et Haïti, qu’il nomme Hispaniola. Tout au long de ses trois expéditions, Colomb arpente les eaux des Caraïbes. Il dévoile des terres riches en ressources naturelles, comme la Dominique, la Guadeloupe, Porto Rico, la Jamaïque, ainsi que des parties de l’Amérique centrale.
Pendant ce temps, d’autres navigateurs tels que Jean Cabot, Pedro Cabral et Amerigo Vespucci se lancent également dans des voyages d’exploration, confirmant peu à peu la présence d’un nouveau continent. Vespucci, en réalisant que ces terres ne sont pas les Indes tant convoitées, mais bel et bien un nouveau continent, se voit attribuer l’honneur de le nommer : l’Amérique. À la fin du seizième siècle, les marins européens ont arpenté l’ensemble ou presque du territoire américain. Cependant, ce sont les Espagnols et les Portugais qui ont pris l’initiative de s’établir sur ces terres nouvellement découvertes.
Mais est-ce là la réalité ?
À L’Anse aux Meadows, Anne Stine et Helge Ingstad, deux archéologues norvégiens, ont découvert d’importantes structures et artefacts, témoins d’une présence viking au XIe siècle. Ces trouvailles ont rapidement été associées aux colons du Groenland et d’Islande. Des recherches approfondies et des datations au carbone 14 ont permis d’affiner les connaissances et de préciser les dates. Cela a révélé que les Vikings étaient peut-être présents en Amérique dès l’an 1021. Les sites archéologiques, tels que le village de L’Anse aux Meadows à Terre-Neuve-et-Labrador, offrent des preuves tangibles de cette implantation nordique sur le continent américain.
Pourtant, la présence des Vikings ne constitue qu’un chapitre de l’histoire de la découverte de l’Amérique avant l’arrivée des Européens. Les Austronésiens qui sont les aïeux des peuples polynésiens auraient également exploré ces terres dès le VIe siècle après J.-C. Plus encore, les premiers habitants du continent, c’est-à-dire les ancêtres des Amérindiens, auraient traversé la Béringie depuis l’Asie entre 30 000 et 15 000 ans avant notre ère. Ces découvertes diverses soulignent la richesse et la complexité de l’histoire précolombienne de l’Amérique, bien avant les grands récits d’exploration des européens.
Pourquoi dit-on alors que la découverte de l’Amérique a été faite par Christophe Colomb ?
Selon Virginie Adane, Maîtresse de conférences à Nantes Université, la notion de découverte de l’Amérique par Colomb est une construction historique qui s’est renforcée à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle, principalement pour des raisons politiques et culturelles. À cette époque, les États-Unis cherchaient à se dissocier de leurs racines coloniales britanniques. Christophe Colomb, en tant que Génois, offrait une figure non britannique et son récit de désaveu par la couronne espagnole faisait écho aux colons américains qui se sentaient trahis par le roi britannique. Il y a également la publication en 1828 de Histoire de la Vie et des Voyages de Christophe Colomb par Washington Irving. Ce dernier dépeignait Colomb comme un visionnaire opposé aux croyances médiévales, ce qui a consolidé son statut de héros national et a renforcé son image dans la culture américaine.
De nos jours, les historiens s’efforcent de déconstruire ce mythe. Ils soulignent que l’idée de « découverte » de l’Amérique par Colomb est une notion eurocentrée qui ignore la présence des populations autochtones. Parler de « découverte » implique que les Amériques étaient des terres vides et non peuplées, ce qui est loin de la réalité.